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Publié le 11 juillet 2025 par Arnaud Lefevbre, Option Finance

Extraits de l’article à retrouver sur le site web d’Option Finance : ici.

« Après s’être fortement développé durant les années 2010, le corporate venture capital (CVC), ces fonds de capital-risque constitués par des entreprises, s’est largement professionnalisé. Représentant désormais près du tiers des tours de table réalisés par les start-up tricolores, ces acteurs sont surtout devenus incontournables dans le financement de ces dernières. »

« Des nouveaux arrivants au compte-goutte »

(…) « En 2022 et 2023, seuls Carrefour, Stellantis et GTT (société d’ingénierie développant des systèmes de confinement pour le transport par voie maritime et le stockage en conditions cryogéniques du gaz naturel liquéfié) s’étaient engagés dans cette voie, inaugurée dès 2010 par Mobivia. La maison mère de Norauto ou encore Midas avait ensuite été imitée par de grands groupes hexagonaux, cotés ou non : Air Liquide, Bouygues, Saint-Gobain, Engie, EDF, L’Oréal, La Française des Jeux, Orange, Groupe ADP, Capgemini, Société Générale, BNP Paribas, Schneider Electric, la SNCF, Sopra Steria… « Depuis quelques années, le marché français des CVC est entré dans une phase de maturation et de professionnalisation accélérée », retient avant tout Muriel Atias, co – présidente de la commission venture de France Invest et chief investment officer de L’Oréal BOLD Ventures. »

« Une professionnalisation des équipes »

« Dans ce cadre, plusieurs de ces acteurs ont affiné leur thèse d’investissement, renforcé leurs process et engagé des équipes dévolues à 100 % à cette tâche, ce qui n’était pas forcément toujours le cas à l’origine — certains dirigeants et collaborateurs du CVC n’étaient au départ détachés que partiellement de leurs prérogatives au sein de leur entreprise. En fonction des ressources financières allouées au fonds et du nombre de participations détenues, les effectifs peuvent dorénavant aller de trois à plus de dix collaborateurs. (…) « Il s’agit d’un mix de profils financiers et de profils « business » », souligne Muriel Atias. Autant d’évolutions qui ont permis à cette typologie d’acteurs de monter en puissance. « Les CVC français se sont imposés comme des investisseurs incontournables, comme en témoigne leur poids dans les tours de table qui avoisine aujourd’hui en valeur 30 % en moyenne », fait remarquer Julien Maldonato. (…)
Il faut dire que l’installation des CVC dans le paysage français du capital-risque depuis une quinzaine d’années a contribué à asseoir leur notoriété auprès des dirigeants de jeunes pousses. « Les entrepreneurs qui cherchent à lever des fonds sont de plus en plus sensibles à la création de valeur que leur proposent les CVC, témoigne Lucas Rudolf co -président de la commission venture de France Invest et directeur général de 574 Invest, le fonds d’investissement du groupe SNCF dédié aux start-up. De fait, outre des liquidités, nous leur apportons des experts métiers, une image de marque, voire de nouveaux clients. Même si nous disposons de poches moins profondes que les VC traditionnels, ces atouts n’ont fait que renforcer notre légitimité lors des process de levées de fonds. » Les résultats du baromètre d’Asterfab font ressortir que l’intervention des CVC s’effectue essentiellement dans le cadre de levées d’amorçage (30 % des cas) et de Série A (41 %), pour un ticket moyen de 3 millions d’euros — l’investissement est généralement compris entre 50 000 euros et 30 millions d’euros, avec une participation allant le plus souvent de 5 à 15 % du capital de la start-up. En cela, « le CVC ne constitue absolument pas l’antichambre du M&A », soutient Lucas Rudolf. »

« Une pression exacerbée sur les retours financiers »

(…) « Pour conserver l’appui du top management, les CVC doivent dès lors s’astreindre à mener à bien un double objectif. Le premier, commun à tous les fonds d’investissement, consiste à générer de la performance. Dans un environnement économique moins porteur qui conduit de nombreuses sociétés à réduire leurs coûts, la pression dans ce domaine tend d’ailleurs à aller croissant. « Dans un contexte marqué par une maturité des CVC et une discipline capitalistique renforcée, l’attention portée à la performance et au retour sur investissement s’est renforcée, relate Muriel Atias. Cela se traduit par une sélection plus rigoureuse des dossiers, une gestion plus active de nos portefeuilles et un accompagnement plus soutenu dans la mise en oeuvre de la feuille de route opérationnelle des start-up du portefeuille avec le corporate. » Même si les performances de la plupart des CVC « n’ont rien à envier, tant s’en faut, à celles des VC traditionnels » selon un professionnel — selon France Invest, le taux de rendement interne (TRI) net moyen sur 10 ans des fonds venture et growth s’établissait à 8,6 % fin 2024 —, ces bons résultats ne suffisent pas. Elle doit en effet s’accompagner d’un autre bénéfice pour le groupe, à savoir l’apport par les start-up accompagnées de synergies opérationnelles. » (…)

« Un instrument en voie de démocratisation »

« Face à un tel track record, les spécialistes du secteur se montrent optimistes quant aux perspectives de développement de l’écosystème CVC hexagonal, qui devrait selon eux continuer d’accueillir de nouveaux entrants. « Pour des raisons de compétitivité et de souveraineté, la Commission européenne ne cesse d’appeler les entreprises du continent à co -investir dans certains domaines stratégiques (énergies, technologies, etc.) », signale Julien Maldonato. » (…)

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